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La spoliation du Zemi de la Dominique en 1878
Entre juin et octobre 2024 le musée du Quai Branly à Paris organise une exposition d'objets appartenant aux peuples Kalinago et Taïno, les premiers habitants de la Caraïbe.
L'objet qui figure sur le catalogue de l'exposition s'appelle un Zemi.
Il s'agit du Zemi à trois points de la Dominique.
Il est sculpté à partir d'une pierre volcanique. Les volcans, les tremblements de terre et les sources sulfuriques avaient une signification religieuse pour le peuple indigène. En 1878, le Zemi a été retrouvé par des ouvriers dans une caverne près du village de la Soufrière situé dans le sud caraïbe de la Dominique. Ils l'ont porté au prêtre de la paroisse qui l'a expédié en France.
Les représentants du peuple Kalinago réclament en vain leur Zemi depuis de longues années.
La France a proposé de réaliser une copie moulée du Zemi et de l'offrir à la Dominique.
Cette solution n'est pas acceptable et a été refusée, le peuple Kalinago souhaitant récupérer l'original qui a seul une valeur religieuse à ses yeux.
Cette spoliation constitue une violation caractérisée de l'article 11 de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones adoptée par l'Assemblée générale des Nations-Unies le 13 septembre 2007 aux termes duquel :
"Les peuples autochtones ont le droit d’observer et de revivifier leurs traditions culturelles et leurs coutumes. Ils ont notamment le droit de conserver, de protéger et de développer les manifestations passées, présentes et futures de leur culture, telles que les sites archéologiques et historiques, l’artisanat, les dessins et modèles, les
rites, les techniques, les arts visuels et du spectacle et la littérature. Les États doivent accorder réparation par le biais de mécanismes efficaces — qui peuvent comprendre la restitution — mis au point en concertation avec
les peuples autochtones, en ce qui concerne les biens culturels, intellectuels, religieux et spirituels qui leur ont été pris sans leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, ou en violation de leurs lois, traditions et coutumes".
Dans ces conditions, International Restitutions a décidé de déposer une plainte auprès du Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones dont le mandat a été prolongé par la résolution n°51/16 adoptée par le Conseil des droits de l'homme le 6 octobre 2022.
Cette plainte est en cours d'instruction.
Les plaintes devant les organes des Nations Unies en matière de respect des droits de l'homme revêtent un caractère confidentiel durant la durée de la procédure.
Les différents éléments de ce dossier ne seront donc rendus publics qu'à l'issue de la phase d'instruction.
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